DHARMA GUNS

Un film de F.J. OSSANG

Sortie en salles : 9 mars 2011
Visa n°116135

Une fille pilote un hors-bord et tracte un jeune skieur. Ils bravent l’un comme l’autre leurs limites quand un choc survient…Par la suite, Stan van der Daeken s’éveille du coma pour découvrir que des généalogistes recherchent un individu dont l’identité correspond à la sienne. Loin de s’interroger sur la réalité de cette filiation testamentaire, il souscrit à l’héritage du Professeur Starkov et s’embarque pour le pays de Las Estrellas…

DHARMA GUNS - Affiche

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Le film

Le cinéma est ce medium orphique qui permet de sortir les corps des ténèbres. Dharma Guns décrit ce voyage, les puissances de la lumière qui traverse l’argentique, invente la fable et les situations visuelles nécessaires à la description d’un tel processus.

La fable : un jeune homme, indistinctement poète, scénariste et guerrier, meurt. Comment restituer l’advenue des images dans son cerveau ? Quelles dernières images verrons-nous, au cours de notre agonie ? Des images d’amour ? D’angoisse ? Notre esprit s’occupera-t-il à régler des situations psychiques, à trouver les causes de sa mort, à frayer un chemin vers une autre vie ? Et dans quel état ces images ultimes nous arriveront-elles ? Des éblouissements ? Des lueurs ? Des envahissements ? De quel statut relèveront-elles ? Des souvenirs, des hypothèses, des présomptions ? La plastique magistrale de Dharma Guns permet de ressentir les mouvements des yeux, des nerfs optiques, des synapses et des circonvolutions comme si F.J. Ossang avait été capable de greffer le cinéma aux lieux mêmes de la naissance des images psychiques, sur le système nerveux central. “Mes yeux ont bu”, entend-on dans ce traité digne des espérances qu’Artaud plaçait dans le cinéma.
Dharma Guns toujours en vol, en vogue, toujours vers l’Ile des Morts, chef d’œuvre qui sous nos yeux vient se placer lentement, dans le ralenti sidérant d’une évidence, aux côtés de Nosferatu et de Vampyr.

F.J. Ossang - Le flibustier du cinéma

Artiste “total” et inclassable, F.J. Ossang est un poète des sons et des images qui ne s’est jamais satisfait d’une seule forme d’expression. Du coup, il s’est autant illustré dans l’écriture que la musique et le cinéma, débordant chaque fois les genres, déjouant les attentes et enchâssant les références les plus étonnantes.

Originaire du Cantal, qu’il qualifie de “nowhere land”, il se passionne très jeune pour les moteurs, jusqu’à ce qu’il voit sa carrière de pilote contrariée suite à un accident de moto à l’âge de 15 ans. Il envisage alors de devenir médecin, mais il ressent une “telle urgence à vivre” — selon ses propres termes — qu’il renonce à sacrifier sa jeunesse à des études longues. Très tôt attiré par l’écriture, il se consacre à la poésie et publie, à 17 ans, un premier recueil, …corce de sang. C’est à la même époque que naît le mouvement punk, qui lui permet d’échapper à “cette nouvelle claustrophobie qu’était la poésie,” explique-t-il. Profondément marqué par ce courant musical antibourgeois, Ossang crée, en 1977, un premier groupe punk, DDP — De la Destruction Pure —, puis un deuxième Messageros Killer Boys en 1979. Mêlant la poésie d’un Stanislas Rodanski aux musicalités froides des Clash et des Sex Pistols, l’artiste considère la musique comme un espace d’expression politique en rupture avec les injonctions de la société.

Esprit frondeur et curieux, Ossang s’intéresse depuis longtemps au cinéma, et particulièrement au muet. Fasciné par Einsenstein et Murnau, et par l’intensité émotionnelle de leurs films, il décide de tenter le concours de l’Idhec à l’âge de 23 ans. Il découvre alors que réaliser un film n’est pas si difficile : “Il suffit d’une bobine et tout peut arriver,” affirme-t-il, volontiers provocateur. Dès son premier long métrage, L’affaire des Divisions Morituri (1984) — qui est en fait son projet de fin d’études —, on découvre un univers post-apocalyptique où les références visuelles à Murnau et à la Nouvelle Vague côtoient un imaginaire littéraire proche de Ballard et de Burroughs. Six ans plus tard, Ossang signe Le Trésor des Iles Chiennes, film de science-fiction expérimental, marqué par l’expressionnisme allemand et superbement éclairé par le chef-opérateur Darius Khondji. Il faut attendre 1997 pour qu’il puisse tourner son troisième film, Docteur Chance, avec Joe Strummer, ex-chanteur des Clash. A mi-chemin entre le polar et le road-movie, cette épopée sensorielle revisite les codes du film de genre et convoque Goya, Burroughs, Godard et Murnau ! Une expérience cinématographique rarissime. Comme le dit Ossang, “chaque film est l’occasion de prouver qu’un cinéma poétique est possible et nécessaire. A chaque film, on réapprend tout,” ajoute-t-il. “Il n’y a pas de technique préconçue. Même quelqu’un d’expérimenté peut un jour se retrouver devant sa caméra, devant une scène ou un instrument, et ne plus savoir tourner, chanter ou jouer.”

Après avoir lancé une souscription sur Internet pour financer son quatrième long métrage, Ossang a enfin pu réaliser
Dharma Guns, fascinant périple aux confins de l’imaginaire.

Filmographie

1983 Zona Inquinata (23’) – Festival de Cannes — Perspectives

1985
L’Affaire des Divisions Morituri (81′) – Festival de Cannes – Perspectives

1990
Le Trésor des Iles Chiennes (109′) – Festival de Belfort – Grand Prix du Jury

1998
Docteur Chance (96′) – Festival de Locarno – Compétition officielle

2007
Silencio (20′) – Festival de Cannes – Quinzaine des Réalisateurs – Prix Jean Vigo

2008
Ciel Eteint ! (23’) – Festival de Cannes – Quinzaine des Réalisateurs

2009
Vladivostok (5′), Vila Do Conde, Portugal — Prix du Meilleur Film Expérimental

2010
Dharma Guns (93′) – Sélection Officielle au Festival de Venise — Orizzonti