Klute

Un film de Alan J. Pakula

Sortie en salles : 25 novembre 2009
Visa n°38941
Titre original : "Klute" | Etats-Unis - 1971 - 114 min - format 1:2,35 - Scope – Couleur
Les droits d'exploitation de ce film sont échus

Tom Gruneman a disparu depuis six mois. Le détective privé John Klute, mandaté par l’épouse de Tom et son associé, se rend à New York pour mener l’enquête. Seule piste fournie par la police : une call-girl, Bree Daniels, à qui Tom aurait adressé des lettres obscènes. Klute s’installe dans le même immeuble qu’elle et, à l’aide d’une table d’écoute, enregistre ses conversations téléphoniques…

Peu après, Klute entre en contact avec elle pour l’interroger : une relation d’attirance et de répulsion s’installe entre le détective et la call-girl…

Klute - Affiche

— Galerie

Alan J. Pakula (1928-1998) - Quelques repères

D’abord producteur de Robert Mulligan, autre cinéaste sous-estimé, Pakula l’accompagne pendant plus de dix ans, constituant une collaboration d’une rare harmonie qui fut à l’origine de bien des merveilles, discrètes et entêtantes, comme Le Sillage de la violence et Daisy Clover (1965), ou Escalier interdit (1967). C’est avec l’admirable western L’ Homme sauvage (1969) que prit fin cette synergie exemplaire. Pakula, la même année, débuta à la caméra avec un film plein de qualités, mais qui, prudemment, se conformait au ton aigre-doux de MulIigan : Pookie. En revanche, Klute (1971) fut un véritable coup de maître où régnait en souveraine une Jane Fonda que l’on ne connut plus jamais aussi magique. Thriller ruminatif et sombre, désespéré et paranoïaque, Klute portait les stigmates de son temps qui allaient devenir les éléments reconnaissables du style et de la thématique de Pakula : bandes magnétiques se dévidant en gros plan, prisons de verre aux parois coulissantes, espaces vidés ou cloisonnés, l’écran large comme format privilégié de la solitude existentielle.C’était là le premier volet d’une magistrale trilogie constituée par À cause d’un assassinat (1974) et Les Hommes du président (1976) : il saisissait à merveille le reflet glauque de l’Amérique, déchirée par la guerre du Viêt-nam, sous le coup de l’assassinat de Kennedy et du scandale du Watergate. Klute montrait le contrecoup de ce désarroi sur des destins individuels (un flic taciturne et une call-girl à la dérive). À cause d’un assassinat proposait une thèse troublante sur l’assassinat politique: le film restera sans doute comme le chef-d’oeuvre du genre; Pakula y affirmait une maîtrise confondante de la métaphore visuelle. Les Hommes du président rejoignait la réalité et mariait avec adresse la rectitude documentaire à l’épaisseur romanesque.Avec l’aimable autorisation de Christian Viviani : Extrait POSITIF N°456

Donald Sutherland

Né au Canada le 17 juillet 1935, Donald Sutherland se révèle dans M.A.S.H. de Robert Altman. Klute, où il joue un détective privé face à Jane Fonda, lui permet de montrer ses dons dramatiques. En 1972, engagé avec Jane – devenue sa compagne – et d’autres artistes contre la guerre du Viêt-Nam, il participe au scénario et à la production de F.T.A. de Francine Parler. Puis Fellini le choisit pour incarner son Casanova. Au fil des films, Sutherland multiplie les compositions les plus diverses : pathétique minable lynché à Hollywood (Le Jour du fléau de John Schlesinger), assassin fasciste (1900 de Bernardo Bertolucci), perceur de coffre-forts (La Grande attaque du train d’or de Michael Crichton) ou médium victorien (Meurtre par décret de Bob Clark). C’est progressivement dans les rôles excessifs que l’acteur semble le plus se délecter : agent de l’Abwehr opérant en Angleterre pendant la deuxième guerre mondiale (L’Arme à l’oeil de Richard Marquand), directeur de prison sadique, fanatique de la chaise électrique (Haute sécurité de John Flynn), général impliqué dans de douteux essais d’armes bactériologiques (Alerte ! de Wolfgang Petersen). C’est pourtant souvent dans les rôles d’appoint qu’il se montre le meilleur : sa manière de camper, en quelques secondes, un individu dangereux, inquiétant ou mystérieux est inimitable.

Jane Fonda

Fille du comédien Henry Fonda, Jane Fonda est née le 21 décembre 1937 à New York. Après avoir suivi les cours de Lee Strasberg au célèbre Actor’s Studio, elle fait ses débuts à Broadway en 1960 dans There was a Little Girl, monté par Joshua Logan, son parrain et meilleur ami de son père. Puis, tout en poursuivant, quelques années encore, sa carrière théâtrale, elle tourne plusieurs films, généralement des comédies sophistiquées, avant d’aborder une carrière européenne, principalement sous la direction de celui qui devient son mari en 1965, Roger Vadim. Mais à partir de 1969, année où elle tourne On achève bien les chevaux de Sydney Pollack, elle laisse éclater ses dons dramatiques, et commence à rompre avec ses emplois antérieurs. Klute, pour lequel elle reçoit l’Oscar, confirme la modernité de son jeu et le caractère complexe de sa personnalité. Ce qu’avait pressenti George Cukor en lui donnant un rôle dans Les Liaisons coupables en 1962. Choisissant dès lors ses rôles en fonction de ses préoccupations idéologiques, comme celui d’Ibsen dans Maison de poupée (1973), elle prend fait et cause contre le fascisme, la guerre au Vietnam et le nucléaire, symbolisant son militantisme à travers Julia (1977) de Fred Zinnemann, Le Retour (1978) de Hal Ashby et Le Syndrome chinois (1979) de James Bridges. Elle ne tourne ensuite qu’avec parcimonie sous la direction de metteurs en scènes “progressistes” qu’elle affectionne : Norman Jewison pour Agnès de Dieu (1985), Sidney Lumet pour Le Lendemain du crime (1986) et Martin Ritt pour Stanley & Iris (1989).